lundi 3 juillet 2017

Le Comice par Yves de Saint Jean

Je vous invite à lire le blog d'Yves de Saint Jean:


Extrait du blog d'Yves:


Le dernier s'est déroulé à Chenu en 2008. 
Organisé de commune en commune chaque année, il revient dans notre village dans quelques semaines, les 26 et 27 août prochains.

Je veux parler du « COMICE ».

Pour certains, le terme présente des relents de ringardise, d'autres ignorent même totalement sa signification.
Alors, petit rappel historique de cette tradition qui mêle compétition, innovation, tradition et fête.

Une tradition ancienne 
Selon le dictionnaire de nos chers académiciens, le mot de comice vient du latin « comitium » endroit où se réunissait le peuple en assemblée.
Plus spécifiquement, la définition de comice agricole est la réunion formée par des cultivateurs et des éleveurs d'une région à des fins d'amélioration des procédés de culture et d'élevage.
Avant la Révolution, il existait déjà des « Sociétés d'Agriculture, de Sciences, des Arts et Belles Lettres ». Elles étaient l'occasion pour des notables, des scientifiques et des érudits en matière d'agronomie, de confronter leurs connaissances, expériences et de faire progresser le savoir agricole. En 1788 fut même créé un prix spécial remis en personne par Louis XVI au lauréat. Les événements de 1789 vont mettre un terme à ces manifestations et la Convention en 1793 supprime tous les rassemblements corporatistes.
Il faut attendre les années 1820 pour que des notables français commencent à promouvoir des événements et des organisations anglaises et suggèrent d'en copier les modèles en France.
En tête de liste, le duc Elie Decazes, alors ministre de l'intérieur de Louis XVIII propose que « ...si de pareilles institutions pouvaient s'acclimater dans un État aussi avantageusement situé que la France, notre agriculture en tirerait des fruits précieux. Nos cultivateurs mettant en commun leurs connaissances pratiques et leur expérience, seraient mieux appréciés et s'attacheraient davantage à leur état (...) Tout ce qui sert à la nourriture de l'homme se perfectionnerait en qualité et s'accroîtrait en quantité. Nos marchés s'approvisionneraient mieux et plus abondamment et un surcroît d'aisance générale serait un des résultats heureux des associations agricoles que nous aurions eu le bon esprit d'emprunter à nos voisins. »
Comme souvent en France, les choses évoluent lentement et malgré une forte promotion, il faut attendre les années 1830 pour assister à une véritable renaissance des sociétés d'agriculture et ce n'est qu'en 1833 qu'est promulgué un règlement visant à créer les comices agricoles. Le premier d'entre eux aurait été organisé dans la Nièvre où l'on précise « qu'il s'agissait d'instaurer de fréquents et intimes rapports entre les propriétaires et les cultivateurs et dans le même temps de stimuler le rôle de tous ceux qui se livraient à l'élevage en encourageant et en propageant le perfectionnement des instruments aratoires* et les meilleures méthodes d'assolement*, de mettre en commun et répandre le plus possible de connaissances acquises sur l'amélioration des races de bestiaux au moyen d'un croisement combiné ». C'est ainsi qu'a pu aboutir la création de la race charolaise dont le premier concours eut lieu le 1er septembre 1839.
Lieu de rendez-vous de la ruralité, tout le XIXème et une partie du XXème siècle va voir se multiplier l'organisation des comices. Les travailleurs de la terre se mirent à conduire chevaux, veaux, vaches, cochons et matériels au chef-lieu de canton où les semi-citadins les accueillent en pavoisant les rues. On y célèbre le triomphe de l'agriculture française où les comices se veulent le reflet d'une France travailleuse, efficace, symbole d'une République agrarienne, lieu où les élites citadines et les notables ruraux faisant l'éloge du monde rural, souhaitent s'attacher le soutien de la paysannerie.
On organise des concours. On soupèse, goûte, tâte, inspecte les chefs-d’œuvre des exposants. On distribue des primes aux plus méritants. On décerne des récompenses aux propriétaires et cultivateurs qui se distinguent par une agriculture innovante. On n'oublie pas les cantonniers, les gardes champêtres et les domestiques. Médailles et dotations sont souvent remises par le Préfet.

Respect de la tradition – œuvre collective
Aujourd’hui les choses ont un peu changé. Les agriculteurs ne représentent plus qu'environ 2% de la population active mais la ruralité est devenue plurielle ce qui signifie que chaque village a son identité, sa réalité, ses habitants, ses ressources, sa diversité. Sa population loin d'être résignée a envie d'entreprendre et de faire vivre ses terroirs.
Le comice est l'occasion de respecter une tradition.
Son organisation n'est pas l'apanage de quelques uns. C'est une œuvre collective où chacun, commerçants, artisans, écoliers ou aînés ruraux, doit pouvoir se sentir impliquer et pouvoir mettre la main à la pâte à travers des initiatives.
C'est une belle fête populaire de village, destinée à renforcer les liens entre ruraux et urbains, une fête rurale, lieu de convivialité, vitrine de la vie associative. C'est un rendez-vous qui mêle spectacle, animations ludiques, ateliers, repas, défilés, concerts de fanfares, présentation d'animaux, de légumes et de fruits...

C'est l'occasion de rencontrer un village : Chenu.

A suivre... !!

 
*Aratoire : outil qui sert au travail du sol.
*Assolement : rotation de cultures. 
 
 
Dessin et texte d'Yves de Saint Jean.
Retrouvez le dans son dernier livre 
" Le grand chambardement"

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire