mardi 28 novembre 2017

La Grange dîmière de Chenu par Yves de Saint Jean


CHENU - GRANGE DIMIERE - CROIX D'ANJOU - CROIX DE LORRAINE

Publié le 27 Novembre 2017
La Grange Dîmière en hiver domine le village de Chenu


Construit vraisemblablement dans la première moitié du XIIIème siècle, la Grange Dîmière, magnifique bâtiment qui domine le village à une portée du clocher de l'église avait été acquis par le chapitre de la collégiale de Saint-Martin qui exerçait les droits de justice sur le fief de la merrie de Chenu.
Il est probable que l'édifice mêlait à la fois les fonctions de logis et d'entrepôt pour le stockage de la dîme, impôt, qui était à cette époque essentiellement payé en nature. Les chanoines y nommaient un maire qui était un seigneur ou un officier chargé de rendre la justice locale et de récolter l'impôt.

Il semble que le premier maire à officier à la Grange Dimière de Chenu fut Jehan II d'Alluys, seigneur de Château-la-Vallière, Saint-Christophe, Chenu et Noyant. Né en 1180, il était le fils de Hugues V d'Alluys et de Guiburge de Chourses. Les seigneurs d'Alluys formaient une très vieille famille installée depuis le IXème siècle sur les territoires du Dunois, Perche, Bas-Vendômois Anjou et Touraine.
Fait chevalier banneret de Touraine par Philippe Auguste, il aurait participé à la bataille de Bouvines en 1214.
Croisé, comme ses aïeux du XIème siècle, il est allé guerroyer en terre sainte où il se trouvait vers 1240. Il accompagnait Thibaut IV de Champagne, dit le chansonnier, dans la triste épopée de la croisade dite des poètes.
Ce qui est certain, c'est qu'il est en Crête en 1241 où il reçoit d'un évêque nommé Thomas un cadeau inestimable : un morceau de la Vraie Croix du Christ en forme de croix à double traverse.

Cette folle histoire nous emmène dans les années 327-328, époque où des fouilles ordonnées par l'Impératrice Hélène sur le Colgotha mirent à jour trois croix. Celle de Jésus qui se distinguait des deux autres par l'inscription de Pilate, fut divisée en deux parties. L'impératrice en confia une au patriarche de Jérusalem, l'autre à son fils l'empereur Constantin. Toutes deux furent fragmentées et connurent des destins variés. Ainsi la Croix à double traverse de Jehan aurait appartenu à l'empereur Manuel Comnème puis au patriarche Gervais qui l'aurait confiée à l'évêque Thomas lequel touché par la piété du chevalier ou, peut-être, pour des raisons moins officielles, lui aurait confié le précieux trésor.

Revenu en Anjou, Jehan d'Alluys va vendre la relique aux cisterciens de l'abbaye de la Boissière (commune de Dénézé-sous-le-Lude) pour la somme considérable de 550 livres tournois. Les aumônes des fidèles venus adorer la Croix compensèrent largement l'investissement de l'abbaye, déjà très riche à l'époque.

Jehan fut abondamment critiqué pour cette vente : « Le sieur d'Alluys se fut grandi à nos yeux s'il n'eut pas monnayé ainsi son trésor ». Mais il faut savoir que les expéditions en terre sainte coûtaient des fortunes aux seigneurs qui en revenaient bien souvent ruinés. Il est raisonnable de penser que Jehan a simplement souhaité renflouer sa trésorerie et rembourser ses emprunts.
C'est ainsi qu'il va également vendre en 1245 la Haute-Justice des paroisses de Chenu, La Bruère, Noyant et Méon et un certain nombre de domaines.
Parallèlement il va contribuer fortement à la fondation de l'Abbaye de la Clarté-Dieu.

croquis Yves de Saint Jean de l'abbaye de la Clarté-Dieu


Jehan d'Alluys - la Croix d'Anjou et la Croix de Lorraine

Pendant la guerre de cent ans, le duc d'Anjou protège la relique que Louis 1er exposera au château d'Angers en 1359...

Je vous invite à lire la suite sur le blog d'Yves de Saint Jean...: 

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire