Je vous invite à lire le blog d'Yves de Saint Jean:
Extrait du blog d'Yves:
Le
dernier s'est déroulé à Chenu en 2008.
Organisé de commune en commune
chaque année, il revient dans notre village dans quelques semaines, les
26 et 27 août prochains.
Je veux parler du « COMICE ».
Pour certains, le terme présente des relents de ringardise, d'autres ignorent même totalement sa signification.
Alors, petit rappel historique de cette tradition qui mêle compétition, innovation, tradition et fête.
Une tradition ancienne
Selon
le dictionnaire de nos chers académiciens, le mot de comice vient du
latin « comitium » endroit où se réunissait le peuple en assemblée.
Plus
spécifiquement, la définition de comice agricole est la réunion formée
par des cultivateurs et des éleveurs d'une région à des fins
d'amélioration des procédés de culture et d'élevage.
Avant
la Révolution, il existait déjà des « Sociétés d'Agriculture, de
Sciences, des Arts et Belles Lettres ». Elles étaient l'occasion pour
des notables, des scientifiques et des érudits en matière d'agronomie,
de confronter leurs connaissances, expériences et de faire progresser le
savoir agricole. En 1788 fut même créé un prix spécial remis en
personne par Louis XVI au lauréat. Les événements de 1789 vont mettre un
terme à ces manifestations et la Convention en 1793 supprime tous les
rassemblements corporatistes.
Il
faut attendre les années 1820 pour que des notables français commencent
à promouvoir des événements et des organisations anglaises et suggèrent
d'en copier les modèles en France.
En
tête de liste, le duc Elie Decazes, alors ministre de l'intérieur de
Louis XVIII propose que « ...si de pareilles institutions pouvaient
s'acclimater dans un État aussi avantageusement situé que la France,
notre agriculture en tirerait des fruits précieux. Nos cultivateurs
mettant en commun leurs connaissances pratiques et leur expérience,
seraient mieux appréciés et s'attacheraient davantage à leur état
(...) Tout ce qui sert à la nourriture de l'homme se perfectionnerait en
qualité et s'accroîtrait en quantité. Nos marchés s'approvisionneraient
mieux et plus abondamment et un surcroît d'aisance générale serait un
des résultats heureux des associations agricoles que nous aurions eu le
bon esprit d'emprunter à nos voisins. »
Comme
souvent en France, les choses évoluent lentement et malgré une forte
promotion, il faut attendre les années 1830 pour assister à une
véritable renaissance des sociétés d'agriculture et ce n'est qu'en 1833
qu'est promulgué un règlement visant à créer les comices agricoles. Le
premier d'entre eux aurait été organisé dans la Nièvre où l'on précise
« qu'il s'agissait d'instaurer de fréquents et intimes rapports entre
les propriétaires et les cultivateurs et dans le même temps de stimuler
le rôle de tous ceux qui se livraient à l'élevage en encourageant et en
propageant le perfectionnement des instruments aratoires* et les meilleures méthodes d'assolement*,
de mettre en commun et répandre le plus possible de connaissances
acquises sur l'amélioration des races de bestiaux au moyen d'un
croisement combiné ». C'est ainsi qu'a pu aboutir la création de la race
charolaise dont le premier concours eut lieu le 1er septembre 1839.
Lieu
de rendez-vous de la ruralité, tout le XIXème et une partie du XXème
siècle va voir se multiplier l'organisation des comices. Les
travailleurs de la terre se mirent à conduire chevaux, veaux, vaches,
cochons et matériels au chef-lieu de canton où les semi-citadins les
accueillent en pavoisant les rues. On y célèbre le triomphe de
l'agriculture française où les comices se veulent le reflet d'une France
travailleuse, efficace, symbole d'une République agrarienne, lieu où
les élites citadines et les notables ruraux faisant l'éloge du monde
rural, souhaitent s'attacher le soutien de la paysannerie.
On
organise des concours. On soupèse, goûte, tâte, inspecte les
chefs-d’œuvre des exposants. On distribue des primes aux plus méritants.
On décerne des récompenses aux propriétaires et cultivateurs qui se
distinguent par une agriculture innovante. On n'oublie pas les
cantonniers, les gardes champêtres et les domestiques. Médailles et
dotations sont souvent remises par le Préfet.
Respect de la tradition – œuvre collective
Aujourd’hui
les choses ont un peu changé. Les agriculteurs ne représentent plus
qu'environ 2% de la population active mais la ruralité est devenue
plurielle ce qui signifie que chaque village a son identité, sa réalité,
ses habitants, ses ressources, sa diversité. Sa population loin d'être
résignée a envie d'entreprendre et de faire vivre ses terroirs.
Le comice est l'occasion de respecter une tradition.
Son
organisation n'est pas l'apanage de quelques uns. C'est une œuvre
collective où chacun, commerçants, artisans, écoliers ou aînés ruraux,
doit pouvoir se sentir impliquer et pouvoir mettre la main à la pâte à
travers des initiatives.
C'est
une belle fête populaire de village, destinée à renforcer les liens
entre ruraux et urbains, une fête rurale, lieu de convivialité, vitrine
de la vie associative. C'est un rendez-vous qui mêle spectacle,
animations ludiques, ateliers, repas, défilés, concerts de fanfares,
présentation d'animaux, de légumes et de fruits...
C'est l'occasion de rencontrer un village : Chenu.
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