CHENU - GRANGE DIMIERE - CROIX D'ANJOU - CROIX DE LORRAINE
Publié le 27 Novembre 2017
Construit
vraisemblablement dans la première moitié du XIIIème siècle, la Grange
Dîmière, magnifique bâtiment qui domine le village à une portée du
clocher de l'église avait été acquis par le chapitre de la collégiale de
Saint-Martin qui exerçait les droits de justice sur le fief de la
merrie de Chenu.
Il
est probable que l'édifice mêlait à la fois les fonctions de logis et
d'entrepôt pour le stockage de la dîme, impôt, qui était à cette époque
essentiellement payé en nature. Les chanoines y nommaient un maire qui
était un seigneur ou un officier chargé de rendre la justice locale et
de récolter l'impôt.
Il
semble que le premier maire à officier à la Grange Dimière de Chenu fut
Jehan II d'Alluys, seigneur de Château-la-Vallière, Saint-Christophe,
Chenu et Noyant. Né en 1180, il était le fils de Hugues V d'Alluys et de
Guiburge de Chourses. Les seigneurs d'Alluys formaient une très vieille
famille installée depuis le IXème siècle sur les territoires du Dunois,
Perche, Bas-Vendômois Anjou et Touraine.
Fait chevalier banneret de Touraine par Philippe Auguste, il aurait participé à la bataille de Bouvines en 1214.
Croisé,
comme ses aïeux du XIème siècle, il est allé guerroyer en terre sainte
où il se trouvait vers 1240. Il accompagnait Thibaut IV de Champagne,
dit le chansonnier, dans la triste épopée de la croisade dite des
poètes.
Ce
qui est certain, c'est qu'il est en Crête en 1241 où il reçoit d'un
évêque nommé Thomas un cadeau inestimable : un morceau de la Vraie Croix
du Christ en forme de croix à double traverse.
Cette
folle histoire nous emmène dans les années 327-328, époque où des
fouilles ordonnées par l'Impératrice Hélène sur le Colgotha mirent à
jour trois croix. Celle de Jésus qui se distinguait des deux autres par
l'inscription de Pilate, fut divisée en deux parties. L'impératrice en
confia une au patriarche de Jérusalem, l'autre à son fils l'empereur
Constantin. Toutes deux furent fragmentées et connurent des destins
variés. Ainsi la Croix à double traverse de Jehan aurait appartenu à
l'empereur Manuel Comnème puis au patriarche Gervais qui l'aurait
confiée à l'évêque Thomas lequel touché par la piété du chevalier ou,
peut-être, pour des raisons moins officielles, lui aurait confié le
précieux trésor.
Revenu
en Anjou, Jehan d'Alluys va vendre la relique aux cisterciens de
l'abbaye de la Boissière (commune de Dénézé-sous-le-Lude) pour la somme
considérable de 550 livres tournois. Les aumônes des fidèles venus
adorer la Croix compensèrent largement l'investissement de l'abbaye,
déjà très riche à l'époque.
Jehan
fut abondamment critiqué pour cette vente : « Le sieur d'Alluys se fut
grandi à nos yeux s'il n'eut pas monnayé ainsi son trésor ». Mais il
faut savoir que les expéditions en terre sainte coûtaient des fortunes
aux seigneurs qui en revenaient bien souvent ruinés. Il est raisonnable
de penser que Jehan a simplement souhaité renflouer sa trésorerie et
rembourser ses emprunts.
C'est
ainsi qu'il va également vendre en 1245 la Haute-Justice des paroisses
de Chenu, La Bruère, Noyant et Méon et un certain nombre de domaines.
Parallèlement il va contribuer fortement à la fondation de l'Abbaye de la Clarté-Dieu.
Jehan d'Alluys - la Croix d'Anjou et la Croix de Lorraine
Pendant la guerre de cent ans, le duc d'Anjou protège la relique que Louis 1er exposera au château d'Angers en 1359...
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