Merci à Yves
C'est devenu une tradition.
Comme
 chaque année depuis 22 ans, le Comité des fêtes de Chenu organise son 
bric-à-brac, vide-grenier. Cette année, il aura lieu le dimanche 20 
août, précédant d'une semaine un autre événement d'importance : le 
Comice !!
On s'installe dès 4 heures du matin, d'autres ont même dormi dans leur camping-car pour ne pas louper le bon emplacement.
Ainsi,
 pendant toute une journée, rues, trottoirs, place et terrain municipal 
seront envahis d'un joyeux bazar hétéroclite où se côtoient batteries de
 cuisine, vieux outils, manches de pioche, collection de verres de 
bière, livres d'informatique, robes, pantalons, vieux chiffons, tuyaux 
d'arrosage etc... « Vide-poubelles » disent les authentiques 
brocanteurs, vrais professionnels venus tôt le matin flairer les bonnes 
affaires.
Pour
 beaucoup, venir jouer au marchand est devenu le hobby des dimanches 
d'été où l'on vient tenter de larguer la cireuse achetée il y a cinq ans
 sur un coup de tête ou la machine à pain qui n'a jamais connu l'odeur 
de la farine.
Pour les gamins, c'est l'occasion de s'initier au commerce en se débarrassant des vieux jouets :
« Quatre euros la trottinette ? » - « Je te la prends à trois ! »
Tout
 s'achète et se vend avec des « si » devenus arguments de vente : « si 
tu es bricoleur ?», « si tu le peints en bleu ! », « si vous savez 
coudre !» si, si, si...
En
 parcourant les allées de ce grand marché ouvert on peut, sans le 
vouloir, s'improviser archéologue du moment. Le vide-grenier est le lieu
 où l'on voit les modes passer. Il y a quelques années on buvait son 
café dans des mazagrans et on mangeait dans des assiettes en pyrex de 
couleur sur des tables en formica. En
 observant de plus près les objets, les visages, les postures de celles 
et ceux qui déballent, on pourrait arriver à faire le portrait de leurs 
existences personnelles et imaginer en quelques secondes une histoire ou
 les errances d'un couple.
Ici
 on vend des guides pratiques liés à l'harmonie du couple et autres 
plaisirs, là une batterie d'engins de musculation, plus loin une 
collection de films d'horreur ou tous les disques de Joe Dassin. Des
 stands deviennent le témoignage des années lycées : romans classiques, 
Balzac, Flaubert en veux-tu-en-voilà, études sociologiques, 
communication, publicité, informatiques, que faire après le Bac ou le 
BTS ?... On
 trouve des piles de romans « France-Loisirs » vendus par abonnement, 
des cartons de revues d'art, de voyages, de jardinage, de bricolage, des
 magazines sur tous les meilleurs sites web ou comment gagner de 
l'argent sur internet...
Le
 bric-à-brac, vide grenier est l'occasion de se débarrasser de ce que 
l'on n'a jamais aimé, des cadeaux épouvantables ou ratés, des habits 
trop petits ou trop grands, de ce qui ne nous ressemble pas ou plus. 
Plaisir de les voir quitter les placards. C'est aussi accepter de se 
séparer des choses, d'oublier les époques, les projets et les passions 
passés.
"Ils
 aimaient avec force ces objets que le seul goût du jour disait beaux : 
ces fausses images d'Epinal, ces gravures à l'anglaise, ces agates, ces 
verres filés, ces pacotilles neo-barbares, ces bricoles 
para-scientifiques..."écrivait Georges Perec dans "Les Choses" en 1965.
Un peu d'histoire
On pratique le commerce de vieilleries depuis l'antiquité.
Des textes anciens font référence à des marchés qui se tenaient sur l'Agora d'Athènes où poteries, vieilles fripes et autres curiosité étaient vendues à la sauvette.
Des textes anciens font référence à des marchés qui se tenaient sur l'Agora d'Athènes où poteries, vieilles fripes et autres curiosité étaient vendues à la sauvette.
Au
 Moyen Âge on n'hésite pas à vendre jusqu'à ses chausses trouées pour 
partir en pèlerinage. Des foires apparaissent et des corporations se 
forment.
Face
 au développement de ces marchés parallèles, Louis XIV décide de 
contrôler les pratiques de ce commerce par ordonnance royale. Ainsi les 
marchands d'occasion doivent consigner l'origine des marchandises et les
 prix de vente. C'est à partir du XVIIIème siècle que les 
collectionneurs se font plus nombreux à la recherche d'objets rares et 
précieux. Pour enrayer le commerce d'objets volés, on enregistre l'état 
civil des vendeurs pour échapper aux poursuites judiciaires.
A
 la Révolution les biens saisis à la noblesse et au clergé deviennent 
biens nationaux qui sont vendus publiquement pour renflouer les caisses 
de l’État. C'est l'époque où les ventes aux enchères se démocratisent.
Au
 début du XXème siècle apparaissent les premiers « marchés aux puces ». 
On y vendait sous le manteau des rebuts et de la vieille literie 
infestée de parasites. L'expression viendrait ainsi d'un chineur anonyme
 qui se serait écrié en voyant les tissus couverts de vermines : « ma 
parole, c'est le marché aux puces ! ». L'expression est restée et a fait
 le tour du monde.
Les brocantes et vide-greniers tels que nous les
 connaissons actuellement se sont développés en France à partir des 
années 60 sauf pour la célèbre braderie de Lille où l'on suppose, sans 
qu'aucun document ne l'atteste vraiment, que la tradition de cette 
énorme foire remonterait au XVème siècle, à l'époque où les domestiques 
lillois avaient obtenu le droit de vendre entre le coucher et le lever 
du soleil, les vieux vêtements et objets usagers de leurs patrons.
L'expression
 « Vide-grenier » est répandue dans toute la France mais on l'appelle 
aussi « Braderie » et « Réderie » dans le Nord et en Picardie, 
« Foire-à-tout » en Normandie, « Pucier » en Dauphiné, « Bric-à-brac » 
dans le Centre et l'Ouest, « Vide-armoire », « Vente de garage », 
« Vide-maison » ou encore « Vide-poussette » pour les ventes de vêtement
 et accessoires pour enfants.
Le terme de « Brocante » est plus généralement utilisé pour les ventes de professionnels de l'antiquité.
Il
 est bon de rappeler que jusqu'au début du XXème siècle, les 
particuliers répugnaient à vendre par eux-mêmes, surtout pour les plus 
riches qui préféraient soit jeter, soit donner. Les rebuts ou biens 
d'occasion étaient abandonnés aux rejetés de la sociétés, mendiants, 
minorités brimées, chiffonniers souvent installés à la périphérie des 
villes et villages.
Il
 faut attendre les années 70 pour que la vente d'objets particuliers se 
démocratise. Attachés viscéralement, pour beaucoup, à leur patrimoine 
depuis des décennies, les particuliers acceptent subitement de se 
débarrasser des assiettes de la tante Adèle et des vieilles armoires. Le
 marché d'occasion n'est plus réservé aux populations pauvres et 
exclues.
A
 contre-courant de la société de consommation, le « vide-grenier » 
participe à une économie circulaire qui privilégie la récupération et le
 recyclage. Il peut procurer un appoint financier parfois non 
négligeable et, parfois, constituer un travail dissimulé pour des 
particuliers malins et organisés qui participeraient à de nombreuses 
manifestations.
Alors,
 si vous rechercher le grand livre du bricolage, une collection de 
pin's, une batterie de vieilles casseroles, une collection de boulons, 
des pneus pour la caravane, les mugs des stations-services ou la lampe 
de bureau vintage...
Rendez-vous à Chenu 
le 20 août prochain !!

  
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