samedi 12 août 2017

Le vide grenier de Chenu par Yves de Saint Jean

 Merci à Yves

C'est devenu une tradition.
Comme chaque année depuis 22 ans, le Comité des fêtes de Chenu organise son bric-à-brac, vide-grenier. Cette année, il aura lieu le dimanche 20 août, précédant d'une semaine un autre événement d'importance : le Comice !!
On s'installe dès 4 heures du matin, d'autres ont même dormi dans leur camping-car pour ne pas louper le bon emplacement.
Ainsi, pendant toute une journée, rues, trottoirs, place et terrain municipal seront envahis d'un joyeux bazar hétéroclite où se côtoient batteries de cuisine, vieux outils, manches de pioche, collection de verres de bière, livres d'informatique, robes, pantalons, vieux chiffons, tuyaux d'arrosage etc... « Vide-poubelles » disent les authentiques brocanteurs, vrais professionnels venus tôt le matin flairer les bonnes affaires.
Pour beaucoup, venir jouer au marchand est devenu le hobby des dimanches d'été où l'on vient tenter de larguer la cireuse achetée il y a cinq ans sur un coup de tête ou la machine à pain qui n'a jamais connu l'odeur de la farine.
Pour les gamins, c'est l'occasion de s'initier au commerce en se débarrassant des vieux jouets :
« Quatre euros la trottinette ? » - « Je te la prends à trois ! »
Tout s'achète et se vend avec des « si » devenus arguments de vente : « si tu es bricoleur ?», « si tu le peints en bleu ! », « si vous savez coudre !» si, si, si...
En parcourant les allées de ce grand marché ouvert on peut, sans le vouloir, s'improviser archéologue du moment. Le vide-grenier est le lieu où l'on voit les modes passer. Il y a quelques années on buvait son café dans des mazagrans et on mangeait dans des assiettes en pyrex de couleur sur des tables en formica. En observant de plus près les objets, les visages, les postures de celles et ceux qui déballent, on pourrait arriver à faire le portrait de leurs existences personnelles et imaginer en quelques secondes une histoire ou les errances d'un couple.
Ici on vend des guides pratiques liés à l'harmonie du couple et autres plaisirs, là une batterie d'engins de musculation, plus loin une collection de films d'horreur ou tous les disques de Joe Dassin. Des stands deviennent le témoignage des années lycées : romans classiques, Balzac, Flaubert en veux-tu-en-voilà, études sociologiques, communication, publicité, informatiques, que faire après le Bac ou le BTS ?... On trouve des piles de romans « France-Loisirs » vendus par abonnement, des cartons de revues d'art, de voyages, de jardinage, de bricolage, des magazines sur tous les meilleurs sites web ou comment gagner de l'argent sur internet...
Le bric-à-brac, vide grenier est l'occasion de se débarrasser de ce que l'on n'a jamais aimé, des cadeaux épouvantables ou ratés, des habits trop petits ou trop grands, de ce qui ne nous ressemble pas ou plus. Plaisir de les voir quitter les placards. C'est aussi accepter de se séparer des choses, d'oublier les époques, les projets et les passions passés.
"Ils aimaient avec force ces objets que le seul goût du jour disait beaux : ces fausses images d'Epinal, ces gravures à l'anglaise, ces agates, ces verres filés, ces pacotilles neo-barbares, ces bricoles para-scientifiques..."écrivait Georges Perec dans "Les Choses" en 1965.
Un peu d'histoire
On pratique le commerce de vieilleries depuis l'antiquité.
Des textes anciens font référence à des marchés qui se tenaient sur l'Agora d'Athènes où poteries, vieilles fripes et autres curiosité étaient vendues à la sauvette.
Au Moyen Âge on n'hésite pas à vendre jusqu'à ses chausses trouées pour partir en pèlerinage. Des foires apparaissent et des corporations se forment.
Face au développement de ces marchés parallèles, Louis XIV décide de contrôler les pratiques de ce commerce par ordonnance royale. Ainsi les marchands d'occasion doivent consigner l'origine des marchandises et les prix de vente. C'est à partir du XVIIIème siècle que les collectionneurs se font plus nombreux à la recherche d'objets rares et précieux. Pour enrayer le commerce d'objets volés, on enregistre l'état civil des vendeurs pour échapper aux poursuites judiciaires.
A la Révolution les biens saisis à la noblesse et au clergé deviennent biens nationaux qui sont vendus publiquement pour renflouer les caisses de l’État. C'est l'époque où les ventes aux enchères se démocratisent.
Au début du XXème siècle apparaissent les premiers « marchés aux puces ». On y vendait sous le manteau des rebuts et de la vieille literie infestée de parasites. L'expression viendrait ainsi d'un chineur anonyme qui se serait écrié en voyant les tissus couverts de vermines : « ma parole, c'est le marché aux puces ! ». L'expression est restée et a fait le tour du monde.
Les brocantes et vide-greniers tels que nous les connaissons actuellement se sont développés en France à partir des années 60 sauf pour la célèbre braderie de Lille où l'on suppose, sans qu'aucun document ne l'atteste vraiment, que la tradition de cette énorme foire remonterait au XVème siècle, à l'époque où les domestiques lillois avaient obtenu le droit de vendre entre le coucher et le lever du soleil, les vieux vêtements et objets usagers de leurs patrons.
L'expression « Vide-grenier » est répandue dans toute la France mais on l'appelle aussi « Braderie » et « Réderie » dans le Nord et en Picardie, « Foire-à-tout » en Normandie, « Pucier » en Dauphiné, « Bric-à-brac » dans le Centre et l'Ouest, « Vide-armoire », « Vente de garage », « Vide-maison » ou encore « Vide-poussette » pour les ventes de vêtement et accessoires pour enfants.
Le terme de « Brocante » est plus généralement utilisé pour les ventes de professionnels de l'antiquité.
Il est bon de rappeler que jusqu'au début du XXème siècle, les particuliers répugnaient à vendre par eux-mêmes, surtout pour les plus riches qui préféraient soit jeter, soit donner. Les rebuts ou biens d'occasion étaient abandonnés aux rejetés de la sociétés, mendiants, minorités brimées, chiffonniers souvent installés à la périphérie des villes et villages.
Il faut attendre les années 70 pour que la vente d'objets particuliers se démocratise. Attachés viscéralement, pour beaucoup, à leur patrimoine depuis des décennies, les particuliers acceptent subitement de se débarrasser des assiettes de la tante Adèle et des vieilles armoires. Le marché d'occasion n'est plus réservé aux populations pauvres et exclues.
A contre-courant de la société de consommation, le « vide-grenier » participe à une économie circulaire qui privilégie la récupération et le recyclage. Il peut procurer un appoint financier parfois non négligeable et, parfois, constituer un travail dissimulé pour des particuliers malins et organisés qui participeraient à de nombreuses manifestations.
Alors, si vous rechercher le grand livre du bricolage, une collection de pin's, une batterie de vieilles casseroles, une collection de boulons, des pneus pour la caravane, les mugs des stations-services ou la lampe de bureau vintage...
Rendez-vous à Chenu 
le 20 août prochain !!
  

La présidente du Comité des fêtes de Chenu Mme Odile Cheneveau remercie Yves de Saint Jean pour ce très bel article de promotion de la brocante de Chenu


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